L’objectif, voilà un sujet prépondérant et complexe en préparation mentale . Et à juste titre car voguer sans objectif est selon moi le meilleur moyen de perdre sa motivation et de déclencher le cercle vicieux qui va avec la perte de volonté de performer dans son activité. Dans le sport de haut niveau, stagner est un risque pour la performance, et la stagnation peut être favorisée par l’absence d’objectifs. Il est facile d’enchaîner les saisons en ayant des objectifs flous parfois inhérents à un club, et c’est pour cela qu’il me semble toujours important de se fixer des objectifs personnels, même (et surtout) au sein d’un collectif. Les saisons s’enchaînent donc, le temps passe, le plaisir aussi (cette notion fera l’objet d’un prochain article), et on passe peut-être à côté de quelque chose de plus épanouissant. Mais se fixer un objectif est quelque chose de difficile, qui répond à des critères particuliers pour avoir des chances de progresser vers celui-ci, sinon la démotivation peut là encore pointer le bout de son nez. Il est donc intéressant de travailler sur la fixation d’objectif avec son préparateur mental. C’est d’ailleurs pour moi une étape à ne pas prendre à la légère dans le cadre d’un accompagnement, et j’y accorde pour ma part plusieurs séances afin de trouver le bon angle pour le sportif qui souhaite se donner une orientation, un cap. Pourquoi est-ce si important pour moi ? Parce que sans une idée de la destination, il est facile de voguer ça et là et de ne pas arriver nécessairement là où l’on aurait vraiment souhaité aller. C’est peut-être une bonne idée quand on est en vacances, mais cela me semble un peu moins pertinent lorsque l’on pratique un sport de haut niveau. Ça peut être une bonne idée pour une promenade à vélo tranquille au milieu d’une île de taille modeste, ça peut être catastrophique au sein d’un voilier en pleine mer. Encore une fois, cela vaut pour tout un chacun. Progresser dans son sport même en étant amateur, prendre de l’ampleur dans son travail, découvrir un nouveau loisir avec le désir de s’y investir… Les exemples ne manquent pas.
Pourquoi est-ce si difficile de trouver le bon objectif et de le valider ? Tout d’abord car il faut être… Objectif. La polysémie a cela de fascinant qu’elle peut nous permettre d’éclairer sous un nouveau jour le sens d’un mot. Un objectif devrait donc être… Objectif. Pourquoi ? Parce qu’il doit coller au maximum aux désirs profonds de l’athlète, mais également être réalisable, atteignable, dans la période de sa fabrication, sous peine de tomber dans la frustration. Cela demande donc une grande lucidité. Et c’est en cela que la difficulté apparaît. Après un entraînement intensif, ou une journée de travail harassante, se poser devant sa feuille et se livrer à une analyse personnelle de sa situation et de ses futurs projets est un exercice ô combien coûteux en termes d’énergie pour le cerveau humain, d’autant que ce dernier a déjà été très sollicité pour d’autres tâches tout au long de la journée. D’où la nécessité, lorsqu’on le peut, de faire appel à un accompagnateur (coach, préparateur mental) pour essayer de clarifier ses objectifs, de les comprendre, ou à un psychologue si le changement qui doit obligatoirement accompagner la fixation de l’objectif est trop paralysant et que l’absence de mouvement handicape la vie de l’individu (tristesse latente quant à sa propre situation et frustration quant à l’impossibilité apparente de s’en sortir). Le préparateur mental aidera aussi à créer un plan pour atteindre les objectifs en question, et c’est là que la polysémie nous vient de nouveau en aide avec l’objectif de l’appareil photo. Une immense variété d’objectifs existent, selon l’effet que l’on recherche. L’important est donc de trouver le bon objectif pour réaliser les photos qui nous tentent. Et une fois cet objectif calé sur l’appareil, il faut cheminer tout en étant focus sur le résultat que l’on souhaite atteindre. On récapitule : trouver un objectif clair, cohérent, réalisable, et puis trouver le bon plan d’action pour le toucher du doigt.
Cela semble très fastidieux, mais le jeu en vaut la chandelle. N’avez-vous jamais eu cette désagréable impression de vous lever le matin et de voguer à vue ? De traîner les crampons ou les pieds avant de vous mettre à l’oeuvre ? Puis une fois que la machine est lancée, on y va, on effectue la tâche que l’on doit effectuer (cela marche autant pour travailler les frappes au but en football que pour rédiger une note de synthèse au travail), mais on ne se sent pas forcément très épanoui dans cet acte machinal dont on peine à trouver le sens. L’objectif a cela de noble qu’il nous permet de regagner en énergie, d’avancer avec plus de conviction, et de mieux supporter les tâches moins stimulantes. Avec un peu de travail, on peut même trouver du plaisir dans les actions fastidieuses. Le plan pour atteindre l’objectif est notre phare quotidien, notre boussole et l’objectif lui-même est ce port où l’on souhaite se rendre. Quand on sait où l’on veut aller, pourquoi on veut y aller, et ce que l’on compte retirer de l’expérience à venir, il est alors plus intéressant de cheminer, et il n’est pas exclu – cela pourrait même le favoriser – de progresser sur le chemin au-delà de ce que l’on pensait et de dépasser notre objectif initial. Même s’il n’est pas forcément pertinent d’avoir cela en tête, c’est une possibilité que nous ne pouvons pas exclure. Mais l’important restera toujours, pour moi, de prendre du plaisir dans le processus menant à la réalisation, car tout se joue au présent (lire l’article sur la concordance des temps ici) pour un avenir radieux. Donc regardons de temps en temps devant nous, tout en se concentrant, en toute objectivité, sur ce que l’on doit accomplir pour découvrir un jour les bienfaits de l’accomplissement.