Manon Arcangioli est joueuse professionnelle de tennis. Actuellement 580eme au classement WTA, elle totalise 7 titres en simple et 15 titres en double.
Florian : Manon, si je te parle du mental dans ton sport, qu’est-ce que cela t’inspire ?
Manon Arcangioli : Je pense que c’est la partie la plus importante maintenant. À mon niveau de tennis tout le monde sait faire un coup droit et un revers, mais gérer les moments chauds ou tout ce qu’il peut se passer dans un match je pense que c’est le plus important à haut niveau. Plus le niveau augmente et plus la gestion des moments importants devient prépondérante et je trouve que les plus forts savent mieux la gérer que ceux qui sont moins bien classés. J’ai commencé à avoir un préparateur mental à 18 ans et je pense que cela aurait été bien d’en avoir un un peu plus tôt.
Est-ce qu’il y a un moment particulièrement important pour toi d’un point de vue mental au niveau du tennis ?
Manon Arcangioli : Je pense que ça commence à l’entraînement. Ce que l’on travaille mentalement à l’entraînement on arrive mieux à le mettre en pratique en match. Ensuite, en match, tous les moments chauds comme les balles de break ou de set c’est important et on peut avoir des pensées parasites à contrer. Mais avant d’en arriver là, de tomber sur ces moments chauds, il y a cette préparation qui commence dès l’entraînement.
Peux-tu me parler d’un moment dans ta carrière où ton mental a pu te desservir ?
Manon Arcangioli : Oui, il y a un bon moment déjà, j’avais eu la chance d’avoir une Wild Card pour jouer les qualifications de Roland-Garros, et j’ai perdu au premier tour des qualifs en ayant trois balles de match et en menant 5-2 au troisième set. Je me rappelle très bien de ce qu’il s’est passé pendant les balles de match. J’avais ma famille derrière moi dans les tribunes, et je n’avais qu’une envie c’était que la joueuse adverse fasse une faute et que je n’ai même pas à jouer le point. Je n’avais qu’une envie, qu’elle fasse la faute, que je gagne et que je me retourne vers mes parents en levant les bras. Mais ça ne s’est pas passé comme ça et j’ai perdu 7-5. Après ça j’étais hyper triste, et on a parlé beaucoup avec mon préparateur mental de l’époque. J’ai vraiment perdu ce match à cause du mental et du fait de m’être projetée dans le futur. On a beaucoup travaillé là-dessus, et durant les tournois qui ont suivi j’ai réussi à mettre des choses en place et j’ai eu mon meilleur classement.
À l’inverse, te souviens-tu d’un moment où tu t’es bien servie de ton mental pour réussir ?
Manon Arcangioli : Il s’agit justement des tournois qui ont suivi cet épisode à Roland-Garros et où j’ai pu obtenir mon meilleur classement. Grâce à ce match j’ai réussi à inverser la tendance et à gagner des matchs. Je n’ai pas un match en particulier en tête, mais ce moment un peu triste m’a permis de rebondir et de travailler là-dessus. Je me rappelle toujours de ce match et je continue de travailler le mental au quotidien pour essayer de faire en sorte que cela ne se reproduise plus.
Un grand merci à Manon Arcangioli pour son témoignage très intéressant.